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Le sillon, une marche en fraternité
30 septembre 2015

Nul n'y songe

JOURS 22 et 23: mardi 29 et mercredi 30 septembre

Il est des rencontres qui font SHEBAM ! POW ! BLOP ! WIZZZZ!

Celle avec Pierre Ménager en est une, et de la plus belle eau. Nous nous sommes donné rendez-vous au village de St Jean- St Germain. Pierre vient à ma rencontre sur l'ancienne voie ferrée que je longe depuis que j'ai quitté Jeanne. C'est la première fois que nous nous voyons, mais nous avons déjà échangé quelques mails depuis le 17 janvier, date à laquelle j'ai lancé ma pétition au sujet des paroles de la Marseillaise. ( cf lien colonne de droite )

J'avais contacté Pierre qui a dédié ces dix dernières à l'étude de cette question et qui a effectué un travail colossal de recherche. Je n'en parlerai jamais aussi bien que lui alors je vous recommande chaudement d'aller visiter son site, une mine de précieux renseignements sur ce sujet si polémique : http://www.uneautremarseillaisepourlafrance.fr/

Lettre ouverte de Pierre à François Hollande : http://www.uneautremarseillaisepourlafrance.fr/blog/2014/06/lettre-ouverte-a-monsieur-francois-hollande-president-de-la-republique-le-sang-de-la-marseillaise/

Nous nous connectons immédiatement comme deux personnes qui se connaissent de longue date. Au restau routier où nous déjeunons, Pierre peine à avaler son repas, tant il a de choses à me dire et à me transmettre sur le sujet qui nous tient tous deux tant à coeur. Je bois ses paroles et mange mon déjeuner, moi.

Trois heures passent sans que nous les voyons filer, ni à l'anglaise, ni à la française ni même à la japonaise. Il est déjà 16h et Pierre, s'inquiétant de me voir reprendre la route si tard, m'offre l'hospitalité sur son terrain, à la bonne franquette. J'accepte aussitôt, trop heureuse de continuer à échanger avec cet homme qui parle le même langage que moi. J'avise à ce moment-là un randonneur qui se casse lui aussi le nez sur la porte fermée de l'église Ste Monégonde (!). Pierre invite aussitôt le jeune...Pierre à la Frêlonnière,sa résidence sylvestre, et nous voilà partis, prêts à partager une mémorable tranche de vie.

Le lieu est superbe et encore magnifié par la douce lumière de la fin d'après-midi. Îlot forestier tendant vers le ciel, les arbres plantés par Pierre il y a 35 ans redonnent du volume au paysage réduit à deux dimensions par les champs avoisinants. Nous faisons un point logistique : Pierre dormira dans sa voiture comme d'habitude, Pierre quant à lui dormira dans sa tente et moi je me vois attribuer la suite royale à l'étage du château. 

On y accède par une échelle de guingois. Je découvre avec ravissement la chambre qui abritera mes songes. Pierre entreprend de la balayer avec une planche pour enlever le plus gros des gravats et offrir un plan horizontal à mon dos de rend-dos-noueux-se. Il enlève les tôles ondulées qui jonchent le sol et me recommande de ne pas sauter de joie, car il y a quelques semaines il est passé au travers du plancher, manquant de s'étriper avec un clou. Je promets de modérer ma liesse, une fois n'est pas coutume. Une bâche est apposée pour plus de confort, je n'ai plus qu'à étaler mon tapis de sol et mon duvet pour me préparer  une bonne...AAAAAAAAAhhhhhhh !!!!!!!!!! Je ne peux m'empêcher de réprimer un cri en découvrant le cadavre séché d'un genre de fouine à côté de ma couche. Une fois la surprise passée, je consens à cohabiter avec la bestiole que Pierre a la gentillesse de pousser dans un autre coin de ma chambre. Je remarque alors la mystérieuse inscription sur le seuil de la pièce : " NUL N'Y SONGE ".  Pierre m'invite à descendre et à trouver un autre mot gravé sur le côté de la maison. Je découvre médusée le mot FRATERNITE , à même le sol. La magie de l'instant et de notre rencontre me frappe de plein fouet. En 1980, Pierre écrivait sur le sol de son rêve en ruines : " nul ne songe à la fraternité" et 35 ans plus tard je passais par là...par hasard. En 2004, je baptisais mon premier récit de voyage dans le Caucase "Voyage en fraternité". "Il y a des fils invisibles qui relient les êtres et les choses ". Dans certains cas, ce sont de grosses ficelles, voire des cordages, des câbles et des amarres !

Toute la soirée sera une suite de somptueux cadeaux: une douche en plein air, un coucher de soleil à l'orée du bois, un repas de sardines arrosé de bon vin, des chansons interprétées par Pierre (qui fut non seulement éducateur spécialisé mais aussi chanteur; on peut d'ailleurs trouver ses chansons sur youtube) et de bonnes discussions au coin du feu de l'amitié. Nous formons une belle société, Dame Eve-Laine, Pierre-le-Vénérable et Pierre-le-Compagnon qui effectue à 23 ans un Tour de France entre Paris et Provence. Nous sommes en fraternité, en pays de connaissance, en complicité et bonne intelligence malgré les vingt ans qui nous séparent deux à deux.Pierre et moi sommes touchés par la grâce qui se dégage de ce tout jeune homme au regard clair,limpide. Il porte en lui les germes d'une humanité nouvelle, bienveillante et généreuse.

Je vais me coucher, heureuse comme tout. Je souhaite la bonne nuit à ma colocotaire, m'enfouit dans mon sac de couchage et me laisse bercer par les chansons de Pierre qui poursuit son aubade à la nuit. J'immortalise ce moment si particulier avec un auto-portrait pas plus facile à décrypter que le cadavre séché qui me tient lieu de doudou.

Je passe la meilleure nuit depuis longtemps. Le lendemain, Pierre nous apporte des croissants et nous encoquepâte à nouveau. Je quitte les lieux à regret, avec pour consolation le sentiment que je reviendrai à la Frêlonnière. 

Nous partons, puis passons en voiture dans deux rues qui nous arrachent des cris de joie. Ultimes clins d'oeil à notre complicité magique.

Merci du fond du coeur mes chers amis. Car sur vos Pierre je construirai...

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Commentaires
P
Le seigneur du château des Grillons est un peu triste ce soir, il ne joue même pas : la dame de cœur lui manque. Il maudit les cartes et la route vagabonde... Les arbres frémissent dans la brise nocturne. Où est son rire qui enluminait la forêt ? <br /> <br /> Envolé...<br /> <br /> La chouette est revenue au château dans son appartement de l'aile nord...<br /> <br /> <br /> <br /> Sur les chemins de la Fraternité j'ai rencontré Evelaine Lochu, la Dame de cœur.<br /> <br /> Pierre Ménager.
C
Toujours contente de recevoir de tes nouvelles et de partager un peu de tes rencontres. Feras-tu un livre de ces aventures? Je m'inscris pour la souscription. Bises, bon chemin. Christine D.
Le sillon, une marche en fraternité
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