Toi, toit ? Mon toit !
JOUR 48 : dimanche 25 octobre, Fay-sur-Lignon (43)/ Beauvert (07), 32 km
Il y a deux jours,mon compagnon est venu me rejoindre pour partager un second tronçon de ma longue marche vers Marseille. Il est venu en covoiturage de Rennes et y retournera par le même moyen. Je trouve ce réseau d'entraide fort intéressant et en lien avec une certaine forme de fraternité. J'ai demandé à Laurent de parler de son expérience de covoitureur.
"Cela fait plusieurs années que je covoiture, que ce soit en tant que chauffeur ou en tant que passager. Et là pour te rejoindre, je suis venu comme cela et j'ai même eu la surprise de covoiturer avec quelqu'un que je connaissais déjà. En fait, il y a une espèce de petite communauté qui se crée. Moi je suis sur le site Blablacar. Ce que j'apprécie, c'est que tout le monde est gagnant, le chauffeur qui réalise des économies sur ses frais de route et aussi les passagers qui paient 2 à 3 fois moins cher que le train. Et puis, il y a le côté convivial, entraide, sauver la planète. Le projet m'est très sympathique car je pense qu'il est temps de faire des économies d'énergie.On est plus nombreux dans la même voiture, alors on crame moins d'essence au final. C'est une terrible absurdité de se dire que le pétrole va bientôt manquer et qu'on déplace une tonne de métal pour faire bouger une personne qui fait moins de 100 kg, c'est un gros gâchis. Alors quand on peut être 4, 5 dans un même véhicule, je trouve cela beaucoup plus intelligent. Et puis au niveau rencontres, sociabilisation, je trouve que c'est un terrain fabuleux parce qu'on se retrouve pour quelques heures sous le même toit, dans le même habitacle que des personnes qu'on n'aurait absolument jamais croisées. Il y a des personnes de tous âges qui covoiturent, entre 15 et 70 ans pour mon expérience, et des gens de tous milieux. Donc ça peut donner lieu à des rencontres vraiment très très chouettes et improbables. Du fait qu'on soit dans le même véhicule, parfois pendant plusieurs heures, on est amené à parler de tas de choses, et ce sont de vraies fenêtres qui s'ouvrent sur des métiers complètement inconnus ou des choses qui ne m'auraient pas intéressées autrement, et ça c'est formidable. Et puis aussi, je trouve qu'en France on ne se mélange pas beaucoup entre les générations. C'est une occasion de faire voler en éclats ces barrières générationnelles et sociales. Covoiturons !"
François, la personne qui a emmené Laurent jusqu'au Puy-en-Velay, fait un stage à côté du Cheylard où nous voulons passer la nuit. Il nous offre l'hospitalité dans sa camionnette et nous enlève ainsi une belle épine du pied, car nous arrivons de nuit dans la ville absolument déserte en ce dimanche soir.
François fait partie de ces Français qui souhaitent mettre leurs biens immobiliers à la disposition d'une famille de réfugiés, tout comme Bernard, avec qui nous avons marché ce dimanche. Tous deux ont fait des démarches auprès de leurs municipalités qui sont longues à réagir ou n'apportent pas encore de réponse concrète à leur demande. Avec d'autres habitants de son village, François essaie de réfléchir à l'organisation d' un véritable réseau d' accueil pour les personnes réfugiées ( cours de français, accompagnement administratif, aide aux démarches et à une progressive autonomie,..)
Ce sont donc encore une fois des initiatives personnelles et citoyennes qui vont faire bouger les choses. Le changement viendra de la base. La générosité et l'entraide fourmillent au pied de la pyramide.