11 novembre, sainte victoire ?
JOUR 65: mercredi 11 novembre
Le hasard du calendrier a voulu que je gravisse la montagne de la Sainte-Victoire le 11 novembre, journée dédiée à la commémoration de l'armistice qui a mis fin à la première guerre mondiale.
Toute la journée sur les hauteurs, j'ai été habitée par ces notions de guerre, de paix, de victoire, de défaite. Y a-t-il vraiment des gagnants quand il faut dresser le bilan d'un conflit armé, quand chacun compte ses morts et doit rebâtir sur des gravats ? Quand il faut examiner sa conscience et regarder à la loupe des actes que peut-être on regrette d'avoir commis ? Qu'est-ce qui a gagné à l'issue d'une guerre ou même d'un conflit des plus anodins, si ce n'est le goût du pouvoir ? Est-ce là ce qui élève l'Homme ? Comment peut-on valider le concept de "guerre sainte "?
Les graines de la haine et de l'intolérance sommeillent en chacun de nous, au même titre que celles de l'amour et de la bienveillance. Charge à nous de distinguer en conscience celles qu'on choisit d'arroser. C'est un combat quotidien qu'il nous est donné de mener, jusque dans les plus petites choses, dans les moindres rapports entre nous et le monde extérieur, mais aussi de nous à nous.
En ce 11 novembre, je souhaite rendre hommage à tous les artisans de paix, à tous les gardiens, aux vigilants qui avec courage, ne hurlent pas avec les loups, ni ne baissent la tête comme des moutons.
Je salue ici Pierre Ménager, Jacques Dorne et Bernard Girard, qui par leur engagement, font partie de ces veilleurs dont l'humanité a tant besoin.
Bernard vient de publier aujourd'hui sur le site mediapart un excellent article intitulé " A l'école comme ailleurs, en finir avec le sang impur qui abreuve les sillons ", dans lequel il a la gentillesse de citer la pétition et la marche dont je suis l'instigatrice. Après plus de 150 notes rédigées depuis 3 ans sur Rue 89, son blog s'est retrouvé du jour au lendemain sans aucune visibilité, suite à un "changement de ligne éditoriale". J'ai eu le privilège de rencontrer Bernard au cours de ma marche,quelque part au nord du 48e parallèle nord, un peu à l'ouest du méridien de Greenwich. Merci de soutenir son travail en allant visiter son blog à l'adresse suivante:
http://blogs.mediapart.fr/blog/b-girard/111115/lecole-comme-ailleurs-en-finir-avec-le-sang-impur-qui-abreuve-les-sillons
En ce 11 novembre 2015, je souhaite qu'un jour on remplace progressivement les traditionnels monuments aux morts par des monuments aux vivants, que les soldats en uniforme soient remplacés par des statues de personnes se serrant les coudes ou les mains. Le devoir de mémoire n'en serait pas oublié pour autant, mais le message aurait une autre teneur: "Qui que tu sois, je te suis plus proche qu'étranger."